Cette deuxième semaine se déroulera en bord de mer, dans la baie d’Orokolo. Ça sera aussi le changement d’équipe, à la fois papoue et française. Pour lire directement le jour souhaité, vous pouvez cliquer sur la date voulue ci-dessous.

Jour 9

Jour 10

Jour 11

Jour 13

Jour 14

Jour 15

Jour 16

 

Jour 9 : Jeudi 18 avril

Départ au point du jour pour une petite heure de bateau vers Harevavo, notre nouvelle destination. Un village qui s’étire sur des kilomètres le long de la côte sur la carte. En réalité, une multitude de hameaux accolés les uns aux autres. Nous naviguons dans l’embouchure du fleuve et ses méandres entre eaux grises et végétation. Marée haute, vert profond noyé… reflets. Un héron blanc éclaire de son vol nos regards. Nous ralentissons à chaque pirogue pour éviter de la submerger avec notre vague. Une heure plus tard nous accostons dans un bras de rivière devant quelques tombes. De l’autre côté, l’océan brasse ses vagues sur la plage.

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Nous allons droit sous les pilotis d’une maison en construction, celle de l’un des membres du parlement qui n’est jamais là. Vaste espace pour s’installer… personne ou presque. Ce matin, c’est jour de marché. Les gens viendront plus tard… Nous nous y rendons. Accueil improbable… comme des stars après un match de foot. Les gens crient des hourras et nous font une haie d’honneur à l’entrée, nous serrent la main. Les sourires élargissent les regards. On nous donne des fruits. Les commerçants se font prendre en photo avec beaucoup de facilité et d’amusement. Après quatre beignets, des pains à la coco et deux bananes nous retournons à nos affaires.

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Sur la route, une mère nous accoste. Première consultation. Son fils est atteint de polio, déformé, les douleurs le harcèlent quand il marche. Retour à la réalité. Mais chaque village est différent. Le bord de mer a définitivement moins de paludisme que partout ailleurs. Ici aussi, aux époques de grandes marées les rues sont submergées. Le sable et l’eau salée sont partout. La tuberculose est omniprésente, un peu de lèpre… Et des personnes âgées comme nulle part ailleurs avec leurs douleurs chroniques. Ici les gens vivent un peu plus vieux qu’ailleurs… Mais l’accès aux soins n’est guère mieux. On retrouve comme la veille des traumatismes d’un mois ou d’un an… trop tard pour tenter de faire quoi que ce soit. Une jeune fille avec un coude à quatre-vingt-dix degrés, un genou avec des points de suture depuis trois ans, enfouis. Et des besoins en implants… jusqu’à la dernière limite… jusqu’à presque se retrouver coincés par la marée basse avec le bateau.

Jour 10 : Vendredi 19 avril

Kaivakovu. Jour de changement d’équipe. Levés encore plus tôt… Même trajet que la veille à travers les canaux. Nous débarquons dans le même village, devant le même minuscule cimetière, cette fois pour aller à peine un peu plus loin. Dix minutes de marche supplémentaires suffisent, nous nous installons sur les bancs du marché. Hier patates douces bananes, aujourd’hui antibiotiques antidouleurs et pour le même prix on peut même vous arracher des dents…

La petite foule se presse devant les étals des douleurs quotidiennes… qui une otite, qui une toux chronique… Dans les maisons, comme en Calédonie, la plupart font la cuisine et le feu à l’intérieur. Les bronches n’aiment pas ce traitement et beaucoup dans ces villages ont des pathologies respiratoires chroniques… Une plaie par sabre nous est annoncée depuis dix minutes. Enfin un peu d’action ! Jean et moi commençons à attendre avec un brin d’impatience de sortir la tête des vaccins et distribution de médicaments.

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Vers 10h, l’équipe de Kapuna débarque… C’est la relève… Deux dentistes, un interne, des infirmiers, une sage-femme qui vont prendre la place de l’autre équipe Papoue… Et le docteur Valérie petite blonde de soixante-quinze ans yeux bleus pétillants et au sourire tenace.

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Une jeune femme est amenée dans mon dos, son bras est enveloppé dans une écharpe. Maladroite, elle s’est coupé la main avec son sabre plutôt que la coco… Pas de brancard, elle sera soignée, là… assise à une table du marché. Avec l’aide de Jean et de l’interne, je réalise un bloc complet de la main. Malheureusement les lésions sont irréversibles :  avulsion complète de toutes les structures du dos de la seconde phalange des 3ème et 4ème doigts. Plus de peau, plus de tendons, même l’os est parti en copeau. Reste une malheureuse plaie de la pulpe du pouce à suturer, le reste sera emballé avec un peu de tulle gras. Des dizaines de jours de pansements se profilent. Entre temps, une autre femme arrive, elle saigne du nez pour avoir reçu un coup avec une barre métallique. Là aussi une petite plaie à suturer…

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Le docteur Valérie passe de table en table, surveille, consulte quelques patients, donne des avis. Immense expérience des pathologies exotiques ou oubliées… Lèpre et tuberculose en tête…

Il est midi, nous disons au-revoir à Jean, Elisa et Fred qui rentrent (déjà !) sur Nouméa. On se revoit dans quinze jours pour boire une bière… Pour le moment, ils ont une heure de marche sur la plage jusqu’au prochain village avec bagages et porteurs pour rejoindre leur hélicoptère. Ce soir, ils dormiront à Herd base pour prendre un petit avion de brousse demain matin jusqu’à l’aéroport.

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Des nouvelles de l’évacuation sanitaire que Marine tente de mettre en place depuis 3 jours, pour la jeune fille avec la complication sur une insuffisance cardiaque : on tente de se rapprocher de l’hôpital de Kerema (la plus grosse ville à quelques dizaines de kilomètres de là) pour faire une évacuation sanitaire. L’objectif est de l’envoyer sur Port Moresby pour avoir un avis cardiologique avec une échographie et peut-être une intervention cardiaque si la mission de chirurgie australienne vient en Juin, si son cœur est encore en capacité d’avoir une intervention, si elle n’est pas morte d’ici là… Et pour avoir de tels moyens, ce n’est pas l’équipe Aidocean qui décide de l’urgence… Peu d’espoir en somme. On rage un peu de cette inertie volontaire… PNG time. Suite au prochain épisode, si cet épisode existe.

Il est temps de rentrer au bateau, demain nous retrouverons une équipe fraîche après 30h de vol pour ceux qui arrivent de France : Agnès et Maud. Et ceux qui viennent de Calédonie : David et Françoise.

Jour 11 : Samedi 20 avril

Petit matin ensommeillé dans le bateau qui nous amène encore une fois au village. Le lacis de canaux s’enchaîne. La découverte du premier jour a cédé le pas… le nez sur nos ordinateurs, nous mettons à profit cette heure de navigation pour travailler encore un peu. Nous retrouvons lors du débarquement une brassée de porteurs pour notre matériel. Le village est toujours un peu plus loin et les minutes de marche s’allongent. Une petite demi-heure… puis une place communale en sable sous un toit de bâches et de palmes. Nous avons dépassé le marché de la veille… bondé de monde. Nous savons déjà que les gens arriveront au compte-goutte. L’installation est laborieuse… voire carrément indolente. Les instruments du dentiste oubliés la veille sont mis à stériliser dans une marmite. Seulement voilà, la première casserole a une fuite qui ne permet pas au feu de prendre son envol. Pour obstruer le trou, un peu de sego est jeté dedans… La bouillasse résultante n’est pas convaincante pour l’usage… Nouvelle marmite, nouvel essai avec de l’eau propre. Après ébullition il manque du liquide, les instruments ne trempent pas tous parfaitement. Bref, un peu de folklore pour quelques bactéries évitées.

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Après le discours de l’homme en orange (Village Langage Officer), vient le prêche du pasteur, puis le discours de l’homme en jaune (Total Energie)… Top départ. A la même vitesse que le reste. PNG time. Nous voyons les patients au compte-goutte. Encore deux équipes ce matin, celle de Kapuna et Aidocean. Le Dr Valérie est parti faire deux visites à domicile, elle revient vers 11h. La chaleur monte peu à peu, engloutissant les équipes sur leur tâche. Pas de vent. A peine un souffle qui passe entre les arbres. Accompagné, Marine et moi allons voir la mer pour se rafraîchir avec la brise… invariablement accompagné d’un garde (agent orange) à l’indéfectible sourire.

Il est déjà quatorze heures et une lèpre, un enfant tuberculeux, un pian plus loin et l’équipe de Kapuna doit reprendre le bateau, quelques quatre heures de navigation à contre-courant les attendent pour rentrer. C’est l’heure des adieux. Coup de théâtre avant départ, l’un des deux patients vus par le docteur Valérie vient de décéder. Une vague de consternation parcours les rangs des travailleurs de santé locaux…

Kapuna parti d’un côté, de l’autre Marine s’est éloignée à la rencontre d’Agnès, Maud, David et Françoise. Je reste seul, les hommes en jaunes sont partis, nos policiers aussi. L’espace d’un instant, les patients qui n’ont pas été vus se pressent de tous les côtés. Il faut remettre un peu d’ordre dans cette pagaille qui s’installe. Réordonner le triage…

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Un homme arrive avec une valise bleue sur l’épaule, un autre avec un carton de médicaments. Premiers du cortège des nouveaux arrivants. Pantalons, chemise et sueur au front, l’équipe fraîche est plongée dans la fournaise en manches longues depuis une demi-heure de marche sous le soleil… Trente minutes après leur arrivée, il est temps de rentrer. La fin des consultations fera des deçus, nous n’avons pas pu voir tout le monde aujourd’hui. On les verra très probablement lundi lorsque nous nous installerons dans le village voisin.

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Encore un peu de marche et une heure de navigation pour les nouveaux arrivants. Le voyage n’en fini jamais pour ceux qui arrivent de France tandis que d’autres gambadent sur la plage. Une fois sur le Silverstar et la répartition des chambres effectuée, les briefings de bienvenue s’enchainent… addition de fatigue. La nuit sera belle… mais probablement coupées de quelques réveils pour certains. Le jetlag risque de s’accrocher quelques jours…

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Jour 13 : le lundi 22 avril 2024

Hier était un jour de repos… enfin presque. On en a profité pour refaire un inventaire des réserves de médicaments, du rangement, une sieste, du sport… La journée à bord est vite passée.

Toujours plus loin le long de la côte, une heure de navigation puis un peu plus d’une heure de marche. Mise en jambe au petit matin à travers les villages et la végétation accompagnés des volontaires qui portent le matériel médical. Procession en file indienne dans la pseudo fraîcheur matinale.

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Nous arrivons au dispensaire d’Orokolo. Bâtiments pavillonnaires en dur, intérieur démuni… Enchainement de murs vides. Seule une grande pièce est pourvue de lits métalliques sans matelas. Sur l’un d’eux, dans un angle une femme halète en silence, elle s’éteint doucement de tuberculose. Son fils de 11 ans est assis au pied du lit qui lui tient la main. Nous fouillons du regard la disposition des pièces afin d’installer notre matériel. Tables et chaises apparaissent et viennent meubler le vide. La chaleur monte lentement et les discours s’enchainent qui donnent le départ des consultations. A peine installé dans un minuscule bureau sur lequel j’ai jeté pêle-mêle quelques boites de médicaments, un vieil homme nous est amené sur un brancard de bambous. Il est immédiatement placé sur un lit d’hospitalisation. « Je t’avais dit que j’attirais le travail » me lance David. Je me gratte la tête. Vingt minutes d’interrogatoire plus loin, je finis par comprendre qu’il a une déshydratation intense soupoudrée d’insuffisance rénale aigue. La mort n’est pas loin. David le perfuse, on le réhydrate grâce aux solutés que nous fournit le dispensaire. Nous verrons bien, ça passe… ou pas. Sans autre moyen diagnostique et devant la gravité de la situation, nous n’avons pas d’autres choix…

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La matinée se passe dans un réduit de fournaise… les patients s’enchainent. David vient me prêter main forte. Et une fois ma gourde épuisée, je sors quémander un peu d’eau de coco pour m’hydrater, de son côté, Maud me pourvoit en bananes. Le gong de fin de journée sonne à 15h00 sous une chaleur écrasante, c’est la marée qui dicte son caprice…  Nous marchons au bord de la plage pour éviter un retour sous le soleil… La douche sera bonne.

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Suite et fin de l’évacuation sanitaire : Aidocean a payé sur ses deniers l’intégralité du voyage pour que la jeune fille avec son insuffisance cardiaque se rendent à Port Moresby en banana boat et en bus. Un autre patient sera également envoyé en même temps. On aura fait notre maximum pour eux, espérons que cela leur permette d’aller mieux.

Jour 14 : Mardi 23 juin

Sans doute une des journées les plus chaudes jusqu’à présent. Encore une heure de marche aujourd’hui, en route vers le même village que la veille afin d’achever le travail… Nous retrouvons à l’arrivée notre patient déshydraté encore en vie et nous poursuivrons au long de la journée sa séance de réhydratation… Pas impossible que nous l’ayons tiré d’un mauvais pas.

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Peu après notre arrivée, nous allons visiter une vieille dame au bout du village. On nous promet 5 minutes de marche qui se transforment en quelques kilomètres et une heure pour faire l’aller et retour. Pas de solution véritable pour une paraplégique depuis 7 ans… Et la journée est à l’avenant, parmi le flot de patients qui viennent à nous, une bonne part ont des maux qui durent depuis des années et qui ont l’espoir naïf d’une guérison miraculeuse. Exostoses improbables, amputations, luxations… Nous ne pouvons que distribuer quelques antalgiques avec un air navré et un sourire. Il y a parfois un côté frustrant.

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Le retour, que certains d’entre nous trouvera interminable se fera par la plage, quelques kilomètres dans le sable sous le soleil avec le ressac… le club med en redemanderai. La grève n’en finit pas et à cette heure il semblerait que la vie du village s’est concentrée là. Les enfants jouent dans le sable à creuser des trous, les femmes rentrent de la pêche et vident leur produit… beaucoup de petits requins, quelques poissons sabres. Plus près des habitations, des gens sont rassemblés pour discuter sous de petits farés avec l’air des embruns dans le visage. Notre cortège passe, c’était le dernier jour dans cet endroit, nous ramenons les chaises et les tables et tout le matériel que nous laissions sur place jour après jour. Véritable procession au coucher du soleil.

Nous avons laissé dans ce dispensaire quelques produits médicaux pour venir compléter leur maigre stock… A l’arrivée.

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Jour 15 : Mercredi 24 juin

Le sourire des vieux lorsqu’on leur rend la vue vaut bien de faire le détour jusqu’ici. Et jusqu’ici c’est loin.
Une heure de bateau à remonter un étroit bras de rivière, slalomer, taper, pousser des troncs d’arbres. Quand il s’agit du bateau des autres, c’est tout de suite moins d’angoisse quand on entend le choc sourd sur la coque, ça nous fait même rire… sauf si nous coulions. On se sentirait tout de suite un peu seul dans la jungle, viande appétissante pour le crocodile chanceux qui passerait par là. Mais là tout de suite, l’ambiance est bonne. Débarquement de notre fatras sur la berge, directement au cœur du village. La végétation est dense autour. Notre arrivée était annoncée et le préau de consultation a été décoré à l’aide de fleurs. Délicate attention.

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Nous demandons au coordinateur Total à quelle heure nous devons reprendre le bateau pour rentrer à cause de la marée… A priori il faut partir avant 15 ou après 17h… puis finalement il n’y plus vraiment d’horaire, la rivière est haute en ce moment. Parfait, belle journée en perspective… Au rang des pathologies particulièrement présentes dans ce village, on peut compter la tuberculose, les cas de toux chroniques insensibles aux antibiotiques se succèdent. Une belle lèpre, une coqueluche et la litanie des petits maux sans réponses. Et puis il y a toujours les douleurs articulaires en tous genres qui cherchent un miracle mais ne trouvent que du paracétamol. Vers 14h, les consultations se tarissent, nous allons avec Marine prêter main forte aux implants contraceptifs. Françoise est installée dans une immense maison sur pilotis… intérieur dépouillé… vaste salle aux poutres à la structure de bois apparente. L’intérieur est vide sans un meuble et les mots ne résonnent pas, seules quelques nattes jetées au sol où sont allongées les femmes qui attendent leur tour dans la touffeur tropicale.

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À peine le temps de prendre en charge une patiente chacun que l’on nous presse pour plier bagage. Le niveau de la rivière serait en question… le même qui ne posait pas problème ce matin. Nous sommes contraints de dire aux femmes qui restent de revenir demain. Finalement ce retour se fera sans même avoir touché, nous qui finissions par avoir l’habitude en rentrant les villages précédents…

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Evacuations sanitaires, suite… mais pas fin. Marine a encore frappé : une petite fille avec une fente palatine sévère pourrait bénéficier d’une chirurgie à Port Moresby. La famille est très motivée, en deux ans, ils ont péniblement économisé 200 kinas (50 euros) pour le trajet. Il en faut mille. On vous laisse faire le compte des années. C’est déjà un miracle qu’elle ait survécu, grâce aux soins très précautionneux de sa mère. Nous devons les revoir demain pour leur donner l’argent nécessaire.

Jour 16 : Jeudi 25 avril

Départ tardif après le ravitaillement en eau apporté par un petit porte conteneur, 32 mètres cubes selon le capitaine… de quoi tenir jusqu’à la fin de la mission. Notre consommation d’eau n’est pas raisonnable.

Nous retournons au même village que la veille. Une heure de bateau plus tard, au moment de notre installation, l’équipe soignante de Kapuna s’aperçoit qu’un carton de médicaments a été oublié… Le bateau fera deux heures de navigation supplémentaires pour palier à cet oubli. Nous pouvons travailler en attendant à l’aide de mon sac.

La journée est calme, le peu de monde arrive au compte-goutte, travail dans une ambiance sans heurts, sans débordements… il reste un peu de temps pour faire voler le drone de David. Nous relayons vers midi Françoise et Maud pour leur permettre de manger. Presque le luxe.

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La famille de la petite fille avec la fente palatine repasse nous voir. Nous leur donnons les mille kina en échange d’une lettre de décharge de leur part en cas de problème rencontré sur le trajet ou d’insuccès de l’opération… précautions de principe que le Dr Valérie nous a demandé de prendre. Ils repartent heureux de la perspective de pouvoir enfin faire opérer leur fille.

David s’est installé aux pansements. Il fait un coupe file pour tous ceux qui viennent faire voir leurs plaies… petites et grosses. Aujourd’hui, les enfants se pressent et nous voyons beaucoup de Pian. Encore un coup du Tréponème mais dans sa version cutanée plutôt que syphilitique. C’est notre thème aujourd’hui.

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Il est 13h30, le jour s’étire mollement après l’heure du repas avec les derniers patients. Je sors de la zone du planning familial en disant que je vais plier mes affaires. Sans crier gare, un « bus » de piéton débarque en silence, en file indienne, sortis de la jungle : 150 enfants de l’école voisine accompagnés de leur professeur… Une heure de marche les sépare de nous. Ils sont là pour les rappels de vaccination rougeole et Tétanos… Organisation rapide et à la chaine, il nous reste une heure pour vacciner tout le monde. Chaque tâche est découpée… ouverture des seringues, préparation, injections. En trente minutes 65 enfants recevront 2 rappels rougeole et tétanos. Nous repartirons même avant quinze heures du village.

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Jour 17 : Vendredi 26 avril

Le ciel est gris, un gris tropical. Les bras du fleuve s’enchaînent, encadrés d’un vert profond. Les méandres se rétrécissent et s’élargissent au gré de la navigation. Le bateau déjauge, s’arrête, repart… sans cesse… à cause d’un canot en bois avec un rameur, d’un filet de pêche tendu en travers de l’eau, d’un virage aveugle. Après une heure nous débarquons dans un autre bras. Un village qui est hors de la zone d’influence de Total. L’atmosphère parmi les employés total est… prudente. Deux policiers nous accompagnent. Une équipe locale avec le prêtre et les hommes en jaune débarque en avant-première pour s’assurer que tout est calme.

Au bord du fleuve, un terrain de Rugby aux dimensions impressionnantes. L’herbe y est rase et hormis une flaque d’eau au milieu on pourrait croire que la tondeuse a été passée hier… A y regarder de plus près, le terrain n’est que trous et bosses, un endroit spécial pour se faire une entorse de cheville.

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Les consultations sont installées sous le ciel gris, il manque de tables et chaises ce matin… Un peu plus tard, la pluie nous chasse sous l’abris des maisons en pilotis. La matinée se poursuit et se tarit rapidement. Thème du jour : Tinea imbricata. Une maladie fungique qui entraine des dessins en arabesques sur la peau, couvrant parfois une très large partie du corps. A chaque jour sa maladie dominante… Vers midi, il n’y a plus personne.

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Sur le chemin du retour, en vue du Silverstar, nous croisons un banana boat qui nous fait comprendre par signe qu’ils ont une urgence à bord… Un coup de hache. Nous nous mettons à couple. David et moi, le fil a suture entre les dents, attendons de voir cette plaie… Le blessé est déposé à bord de notre annexe, porté par l’un des ses amis. Son membre est enveloppé dans un linge saignant… Un coup de hache… ça va être sport. Pied déballé, la plaie fait 2cm, superficielle. Bon on va suturer quand même, hein ! Les gens sont contents et c’est bien l’essentiel.

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Jour 18 : Samedi 27 avril

Maipenairu village

Le nom de ce village signifie « clan sans père » et s’interprète comme un message de bienvenue aux gens qui n’ont pas de leaders. Les disputes tribales territoriales ont poussé les gens à descendre plus bas vers l’embouchure de la Purari et à s’y installer. L’organisation sociale est patriarcale, et la cohésion est maintenue par les chefs de clan, conjointement avec les prêtres, la justice et la police. Le système éducatif tient également un rôle important dans l’organisation sociale. La terre appartient ici aux hommes et elle se transmet de père en fils. Chaque famille qui appartient au clan se voit attribuer un lopin pour son usage personnel, faire un jardin et du sago. Tout le monde est autorisé à chasser sur les terres inoccupées et pêcher dans la rivière. Le rôle principal des femmes se cantonne aux enfants, à la fabrication du Sago, la pêche et la vente de produits sur les marchés. Le mariage s’effectue entre 14 et 20 ans. Voilà pour le petit volet culturel du jour… Je vous parlerai du Sago un peu plus tard.

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Plus d’une semaine que le M/V Silverstar est à l’ancre dans le delta. Nous n’avons bougé que de quelques centaines de mètres à peine et rayonnons alentours avec le Barramundi. Une heure à chaque trajet matin et soir. Ce matin encore, hors de la zone d’influence de Total, la prudence est de mise et une délégation investira les lieux avant nous pour s’assurer d’un accueil favorable.  Depuis deux jours, il a été décidé de s’arrêter de travailler à quinze heures. Le village baigne dans les restes d’un orage. Les rues de sable sont gorgées d’eau et de boue et nous pataugeons d’une maison à l’autre. Bain de pied rafraîchissant… Le centre médical s’avère trop étroit avec un plancher trop fragile pour l’équipe et le flot de patient. Et honnêtement, il y fait sombre comme dans un tunnel. Nous laisserons là le planning familial et le dentiste faire leurs affaires.

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Les reste des activités investit l’école avec l’accord du professeur. Elle est vide d’élèves en ce samedi. La village est calme et l’on explique que la plupart des gens sont partis faire des activités catéchuméniques à une heure de marche d’ici, autant dire qu’il n’y aura pas grand monde. De plus, Kapuna n’est pas loin et les gens ont l’habitude d’avoir recours à l’hôpital plus facilement. Bref petite journée en perspective. Le temps s’étire au gré des consultations, j’alterne les temps morts avec un coup de main aux vaccins, histoire de ne pas rester écrasé par la chaleur.

Deux classes rameutées par leur enseignant viennent à la vaccination, Les enfants s’alignent à la chaine avec un peu plus de quarante adolescents. Finalement entre vaccins et consultations, le nombre de personnes vues est loin d’être insignifiante.

L’eau stagnante de ce matin s’est réchauffée et le bain de pieds presque agréable s’est transformé en bain de boue chaud et marécageux dès début d’après-midi… Le prochain qui a de la fièvre, je dégaine un antibiotique…

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