Nouvelle mission et nouvelle destination : c’est dans les îles les plus septentrionales de Papaouasie Nouvelle Guinée qu’Aidocean va soigner ce printemps. Christophe, le médecin de la team vous fait vivre le quotidien de cette mission PNG 2025.

Jour 1, lundi 07/04/2025

Après deux jours de voyage, nous rejoignons Marine, déjà à poste en Papouasie depuis une semaine. Une semaine à battre la porte des sponsors et des autorités pour faire avancer cette nouvelle mission et déjà prévoir les suivantes. La liste est longue, mais non exhaustive. Ambassade de France, Autorité de santé Papoue, OMS, UNICEF, banque. Aidocean est devenue Papoue à part entière.

Deux jours qui nous ont menés de Nouméa à Kavieng via POM. Nous sommes trois à la rejoindre : Françoise, notre gynécologue désormais habituée puisqu’il s’agit de sa troisième mission, Dorothée, sage-femme et moi-même. L’équipe est réduite cette année à quatre soignants et Bambou qui est le technicien développeur de la société Biomi qui nous accompagne. A l’aide d’un lecteur révolutionnaire de bandelettes d’immunologie universelles, il va pouvoir dépister la tuberculose et la malaria… et ce n’est qu’un début.

aidocean mission png 2025

Après l’avion, le bateau, une nuit de navigation et nous voilà à bord du PNG Explorer pour une nuit de mer. Arrivée prévue le lendemain matin pour une débuter sans perdre de temps une journée de travail. On est pas ici pour une lune de miel.

Jour 2, mardi 08/04/2025

La matinée débute doucement, la journée s’achèvera à la nuit tombée.

Le Dinghy (petite embarcation rapide) nous dépose à la côte. Présentation aux autorités locales, mise à jour du planning pour la mission et nous voilà parti dans la benne d’une camionnette aux pneus lisses sur une route en terre qui tient le nid de poule pour standard de franchissement.

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Ils nous ont dit 30 minutes. On les a cru ! L’autre bout de l’île, c’est une bonne heure à tressauter!

Village de bord de mer, carte postale face à la mer de Bismark. La salle de consultation se remplit doucement, mais surement. Les consultations s’enchainent sans urgences, comme l’an dernier, les carnets de santé s’empilent les uns sur les autres.

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Les gens ont de l’âge et de l’arthrose, peu de pathologies aigues. Un peu de diabète, nouveauté si on compare à l’an dernier. On a testé grâce à Bambou la malaria et la tuberculose, pas un seul de positif. Presque incroyable ! Le village souffre du manque d’eau douce 5 mois de l’année. Les seules réserves sont pourvues à l’aide de réservoirs captant l’eau de pluie, pas de puit et les véritables sources sont loin d’ici.

L’après-midi s’écoule jusqu’à la dernière limite et la nuit nous rattrape sur le trajet, retour en Dinghy vers notre camp de base flottant.

Jour 3, mercredi 09/04/2025. Palakau et Loitae

Première vraie journée de travail qui commence tôt le matin. 3 villages au rythme crescendo, Palakau et Loitae. Le premier renferme un dispensaire que ne renierait pas la Province des îles en Nouvelle Calédonie. Salle d’accouchement avec table inclinable manuellement, lits d’hospitalisations, réfrigérateur sur panneaux solaires… Parce que l’électricité est dépendante d’une génératrice qui elle-même est dépendante du fuel disponible. Et même avec une réserve pour les urgences, cela ne laisse pas beaucoup de temps de lumière quotidienne. Malheureusement, nous partons vite car il y a peu de patients et après 15min de banana boat nous voilà dans une salle de classe vidée de ses
occupants pour l’occasion. Un peu plus de travail pour la vaccination, et toujours le lot de personnes âgées aux pathologies chroniques en attente d’un miracle ou d’un comprimé avec souvent un air déçu à la fin. Un peu plus loin, nous sommes sur le camps de la base vie de la société d’exploitation du bois. Quelques vaccins, des vieux, un peu de paludisme…
Mission humanitaire papouasie Aidocean PNG 2025
Le constat est unanime entre les membre de l’équipe après deux jours. On voit en consultation pour moitié des personnes âgées, bien habillées et propre sur elles, le reste de la population, c’est 2 enfants déjà vaccinés portée par femme déjà porteuses d’un implant, pas de sous nutrition. Pas de maladies cutanées, pas une tuberculose ni une lèpre. Tout au plus quelques paludismes.
On commence à se demander si on ne pourrait pas être plus utile ailleurs. Et pourtant qui eut cru que cette grande île à 12h de mer de la nouvelle Irlande aurait été si bien pourvue ?

Jour 4, jeudi 10/04/2025. Lomaku Nauru et Naroi.

Il faut la chercher du côté de Jennifer qui nous a concocté le programme en fonction de son agenda pour la lutte contre le papilloma virus. C’est son île et elle voulait y faire la tournée des infections HPV avant de mettre en place les traitements.
Et pour ce qui est de la bonne santé relative de la population, c’est plutôt du côté de l’argent apporté par la compagnie d’exploitation du bois qu’il faut peut-être chercher.
La journée se passe dans la salle communale du village de Lomakunauru, immense et sombre. 4 vaccins, 7 enfants vus et aucun implants. Les consultation généralistes restent la grande majorité des prises en charge, Bambou  est aussi bien occupé avec son mini laboratoire et bien sûr la dentiste, qui a arraché 17 dents aujourd’hui.
Mission humanitaire papouasie Aidocean PNG 2025
En fin de journée au briefing, nous décidons de demander un changement de programme : retourner sur New Hanover où nous étions il y a 2 ans et où les besoins étaient importants.  Nous allons donc sollicité le directeur de l’hôpital de Kavieng pour valider ce nouvel itinéraire.

Jour 5, vendredi 11/04/2025, Eloaua, Mananusa

Aujourd’hui deux îles à visiter dans un petit lagon aux eaux turquoise. Avant cette escapade, une urgence à visiter sur l’île principale.
L’urgence devient relative lorsque le lorsque le patient nous accueille avec le sourire. Françoise, notre gynécologue restera là durant la journée pour voir comment tourne le dépistage HPV et le traitement.
Sur l’île d’Eloaua, l’équipe Aidocean est déjà à poste et au complet pour quelques vaccins. Malgré l’isolement, les enfants et les femmes sont toujours aussi bien pris en charge globalement.
Dans la seconde île, plus grande en taille mais plus petite en population avec environ 100 personnes, le lieu de consultation est aux 4 vents, avec un toit et 4 planches, la vue sur le lagon est imprenable, sans doute notre plus belle salle. Intimité garantie !
aidocean mission humanitaire papouasie png 2025
Nous rendons également visite à 2 enfants handicapés, porteurs de maladies neurologiques chroniques. La prise en charge du second est très sommaire. Il est posé sur une bâche, protégé d’une moustiquaire, dans une petite maison sur pilotis, il attend le retour de sa grand-mère qui s’occupe de lui. Il nous regarde avec un sourire béat.
De retour au bateau, Marine appelle le CEO de l’hôpital de Kavieng, Dr Steinard pour avoir la réponse concernant le changement de programme concernant la suite de la mission. Il n’y est pas favorable, la lutte contre le papillomavirus est une priorité pour lui. Nous resterons donc sur le programme prédéterminé et concentré sur le HPV. Nous allons optimiser la prise en charge des patient(e)s. La mission est loin d’être terminée.
Demain sera un jour pour y réfléchir, demain est jour de Sabbat pour les adventistes du 7ème jour.

Jour 8 : Lundi 14/04/2025, Tasitel

Après une journée de repos, nous voilà repartis sur les routes. Le programme n’est pas toujours celui qui a été compris la veille mais qu’importe, l’essentiel c’est d’être là. Ce sera finalement les habitants de 4 villages qui viendront consulter au même endroit.
Un dispensaire en rénovation occupé par une infirmière à la retraite qui travaille toujours à mi-temps dans ce village, à mi-temps dans un autre. Les quelques étagères sont peuplées de produits périmés ou d’outils de chantier. Les pans rénovés ont déjà l’air usés par endroits.
Les vaccins se font sur la plage, avec l’océan qui fait ronronner ses vagues sur les quelques mètres de corail qui nous séparent du grand large.
Marine se lance dans la distribution de lunettes, les gens sont heureux de pouvoir lire à nouveau ou simplement heureux d’avoir des lunettes de soleil sur le nez.

Mission Aidocean Papouasie 2025

Jour 9 : Mardi 15/04/2025, Mussau, Boliu, Noanaulu et une île déserte.

C’est la journée des 4 îles, la journée qui se terminera par une plongée dans un jardin de corail semé de bénitiers aux lèvres multicolores. Ça c’est pour la carte postale. Quand ça commence ainsi, l’envers du décors pourrait s’avérer difficile. Pas cette fois. Il est à l’image de ce que nous avons déjà rencontré jusques là. Boliu est la plus peuplée avec quelques huttes sur pilotis qui bordent la plage avec les yeux dans le turquoise. Les consultations se font les pieds dans le sable sur le dos d’un Canoë retourné. On y a trouvé un peu de palu et le retour plus exotique d’une pathologie cutanée que nous n’avions pas encore croisée, le Tinea Imbricata. Une mycose de la famille de la teigne mais que l’on trouve plutôt dans les coins reculés. Notre duo occupé au planning familial s’est installé dans l’église en planche pour quelques implants et les vaccins à la porte. Le hameau s’est transformé en petit dispensaire improvisé l’espace de quelques heures.

Mission Aidocean Papouasie 2025

Pour aller sur l‘île d’en face, on traverse le lagon et nous passons devant le vraquier ancré dans la baie depuis plusieurs jours. Nous approchons de ce géant d’acier orné de 4 grues élancées au-dessus du décors vert et bleu, palette bicolore du bout du monde. Dans son antre gît une forêt couchée, attachée entre des pieux de métal. Des grumes immenses et nues volent depuis une barge et s’empilent, numérotées. La forêt papoue fait partie des ressources que des compagnies souvent étrangères exploitent…

Mission Aidocean Papouasie 2025

Jour 10, mercredi 16/04/2025,

Nous devions aller vers un village sur la côte à mi-chemin de ce qui constitue pour nous l’extrémité de l’île à l’aide d’un banana boat. Nous sommes allés, cahotés en 4×4 vers la susdite extrémité. Les imprévus sont toujours au rendez-vous et ce matin Marine a eu du flair en arrivant à la jetée. Il n’y avait pas de bateau pour nous récupérer, nous rentrons donc à bord du PNG Explorer pour ensuite repartir. « On va prendre un peu de carburant au cas où l’ambulance serait à sec. » L’ambulance était parfaitement à sec ! Une heure de piste plus tard, nous débarquons dans un petit village, bord de mer, lagon… un vrai désert. Nous descendons des véhicules, circonspects. « Ah, Aidocean, on vous attend, mais demain. » Moralité, tous les habitants sont au champ ou au travail, bref absents. C’est le village tout au bout qui vous attend aujourd’hui. Et en effet, le village est là qui nous attend massés devant l’école.
On n’est pas venu pour rien, c’est bien l’essentiel. Le chef du village nous remercie chaleureusement de notre présence et des soins dispensés. Les registres de vaccinations vont frôler des chiffres dignes de pays industrialisés.
Demain, on sait où on va…

Jour 11 , jeudi 17/04/2025

Le temps Papoue n’est pas le temps d’ici ni d’ailleurs. On croit savoir et on ne sait pas. D’ailleurs le temps est ici une notion étrange que l’on ne peut capter qu’avec… du temps. La dimension philosophique que cela suscite laisse souvent pantois, rêveur ou râleur. La dernière option n’étant
jamais la bonne.
Pourquoi tenter de maitriser une chose aussi vaste ? Une culture au minimum nous sépare et c’est déjà miracle qu’un patient nous donne son âge avec une précision relative. D’ailleurs le regard hésitant, il cherche, les yeux dans le vague puis renonce. La question qui revient et le houspille relance la machine dans le vide d’un décompte impossible. Il finit par sourire pour indiquer une date en forme de point d’interrogation. Débrouille-toi avec le calcul.
Vous avez sans doute compris que par rapport à ce qui a été dit hier… on croyait savoir mais on n’avait pas idée de ce que l’on ignorait.
Aidocean papouasie
Mais que s’est-il passé en ce matin du 18 avril ? Justement, rien ! Nous avons attendu en vain la voiture qui devait, selon ce qui était convenu la veille, venir nous chercher pour nous transporter vers le village dans lequel nous avions fait une halte la veille. Nous retournons donc au camp de base des bûcherons trouver un peu d’activité. Et ce n’était pas peine perdue. Trois paludismes sur une dizaine de tests et quelques lunettes de vues pour les lecteurs assidus de romances espagnoles sur les derniers feux d’une batterie finissante de lampe électrique (ou simplement celui ou celle qui veut glisser le fil dans le chat de l’aiguille pour réparer un filet).
Marine est tout de même allée au village de demain qui est donc celui d’aujourd’hui où nous sommes passés hier clamer que nous viendrons… demain par bateau. Et là non plus ce n’était pas peine perdue. Le village et ceux d’à côté attendaient encore à 16h notre arrivée. Promis, nous venons demain.

Jour 12, vendredi 18/04/2025, Tanaliu

Une heure de banana boat en pleine mer pour se rendre au susdit village. L’attente du village de nous voir n’a pas terni l’accueil qui nous a été fait. Discours de bienvenue et bouquet de fleur posé en évidence sur la table, suivit d’une bénédiction du pasteur. C’est le premier village avec un cours d’eau claire à proximité, garantit sans crocodiles (ou presque) par les riverains.
Aidocean mission papouasie
Le cours d’eau qui pose problème est plus loin nous dit la jeune fille d’un signe vague de la main. Les enfants jouent à se jeter depuis les branches des arbres qui pendent à quelques mètres au-dessus de l’eau.
Aidocean mission papouasie
Nous disons adieu à l’île de Mussau ce soir. Quand nous nous réveillerons demain matin, nous aurons déjà levé l’ancre pour l’île d’Emirau… enfin pour ceux qui dormirons dans la houle grossissante du mouillage. Le mal de mer cloue certains d’entre nous dans leur bannette ce soir.

Jour 13 : samedi 19/04/2025

Samedi, c’est jour d’église. Nous levons l’ancre tôt le matin, cap sur l’île d’Emirau. Cinq heures d’une navigation paisible, bercés dans nos couchettes par une petite houle. Le mouillage est à la juste dimension du bateau entre deux îles coraliennes, le fond de l’eau est limpide, au fond de la passe déferle une vague que nous iront surfer tout à l’heure si le temps le permet. Nous y serons accueillis par une centaine de dauphin qui sont venus surfer avec nous. La journée de repos semble jusqu’ici vouloir se dérouler avec indolence « Et par manque de brise le temps s’immobilise… gémir n’est pas de mise… ».
mission papouasie aidocean 2025
Mais avant les vagues, le staff de mise en place des prochains jours se tient dans le carré, histoire de bien mettre les choses au clair, questions programmes et vaccins.
Nous allons en début d’après-midi à terre pour visiter le dispensaire et donner le « talksaway », c’est- à-dire faire l’annonce de notre arrivée le lendemain. En posant le pied à la plage, nous apprenons qu’un jeune hommes est très malade, ce serait bien de lui rendre visite rapidement. Nous faisons cent mètres le long de la route qui borde la mer jusqu’à un attroupement autour d’un individu couvert de sueur debout, soutenu par deux grands-mères, les deux pieds dans un seau d’eau chaude.
Et en effet, vu sous cet angle, il n’est pas en pleine forme. Mal au ventre, vomissements, fièvre, petite toux. Nous décidons de rebrousser chemin jusqu’au bateau afin de nous pourvoir d’un minimum de matériel médical.
De retour, le village a déplacé le patient proche de la zone où nous posons l’annexe, sur une natte.
Sept tests paludisme plus loin, tous positifs et autant de traitements distribués, nous comprenons ce que « malaria outbreak » signifie. La journée de demain est prometteuse.
Nous n’allons pas au dispensaire, il est loin : quatre kilomètres en fin d’après-midi avec une épidémie de paludisme autant à falciparum qu’aux autres plasmodium ne semble pas raisonnable. Courageux mais pas téméraires ! De toute façon le camion n’a pas de gasoil.

Jour 14 :  dimanche 20/04/2025 Emirau 1. Loao

Sur le plan médical, l’épidémie de paludisme est finalement pas si importante, et c’est tant mieux. Un abcès drainé, 6 paludismes de tous les genres confondus et pour la première fois un test tuberculinique positif. Nous en profitons pour tester la famille présente. Il s’agit d’une personne âgée amaigrie et présentant une scoliose (déformation du rachis) suspecte, c’est-à-dire très prononcée. Cette suspicion a été établie sur la foi des tests de dépistages rapide emportés par la société Prism et la main experte de Bambou notre technicien Biomi (c’est le nom de la machine qui permet de lire les tests). Mis à part cette « surprise » qui devra toutefois être confirmée par des examens complémentaires sur Kavieng, nous avons effectué notre lot quotidien de consultation, distribué notre lot de lunettes à la population grâce à la donation de la fondation Onesight Essilor Luxottica, arraché une quinzaine de dents et vacciné jusqu’à 10 enfants retardataires sur leur programme. Jennifer de son côté a fait tourner la machine de tests PCR pour dépister le HPV (pourvoyeur de cancers du col utérin) à plein régime.
mission papouasie aidocean 2025

Jour 15 : lundi 21/04/2025 Emirau 2.

Après quelques consultations sous un préau dans une chaleur physique et quelques paludismes plus loin, nous embarquons pour un tour de l’île. Emirau a une histoire bien singulière.
L’île a été durant la seconde guerre mondiale le siège d’une base Américaine d’entrainement qui comptait 18 000 hommes. Pour un terrain plat perdu au milieu de l’océan de 4km x 7km, ça a du rapidement virer à la surpopulation. Deux pistes d’atterrissages en béton de 2.5km chacune
(mélange de ciment et de corail broyé), des routes, des bâtiments… Nous parcourons dans un sens et l’autre les voies d’envol, une réservée aux bombardiers, l’autre aux avions de combat. Enola Gay (le bombardier qui a largué une bombe atomique sur Hiroshima) était, d’après notre guide, stationné ici.
De tout cela, il ne reste que le ciment des pistes et une végétation rase qui repousse péniblement entre les anfractuosités. L’une des deux était encore utilisée jusqu’en 2022. Ce qui frappe sur cette île, c’est la taille des habitants et des enfants. Les adultes nous confient qu’ici rien ne pousse, seulement des cocotiers. Ils ont le plus grand mal à faire pousser l’alimentation de base (Tarot, Manioc) ou simplement des bananes qui constituent l’alimentation de base de ces populations.
mission humanitaire papouasie aidocean
L’agroforesterie pourrait peut-être les aider à améliorer le problème, la culture sur brûlis étant encore le standard local, ce qui du point de vue de la végétation n’est pas la meilleure façon. Il y a fort à parier que le bétonnage de l’île soit partiellement responsable de cette situation. Cela n’est pas sans aller avec un manque d’eau chronique comme dans toutes les îles autour durant la saison sèche, soit 4 à 5 mois de l’année. Les cours d’eau son rare et rapidement asséchés sur ces terres isolées.

Jour 16 : mardi 22/04/2025 Emirau3.

Jour de pluie. Ce n’était pas arrivé depuis le début de la mission. Voilà, c’est aujourd’hui.
mission humanitaire papouasie aidocean
Un peu d’indolence s’installe à bord durant quelques heures matinales où la visibilité se limite à quelques mètres. Le bateau s’isole dans un cocon sonore et humide. On attend que le déluge tropical cesse. Ce qui ne tarde pas. Les chemins cahoteux et les routes bétonnées de l’île nous tendent enfin les bras pour un dernier village au Nord. Comme souvent, les fleurs sont sur la table, plantées dans des pots faits de papaye verte.
La pluie a laissé la place a un ciel grisâtre et la chaleur humide qui remonte de la végétation. Les consultations s’égrènent à un rythme lent. Et toujours quelques palu qui viennent sournoisement nous indiquer le nord. Ses présentations cliniques sont nombreuses. Si tu as de la fièvre intermittente depuis quelques années, tu as peut-être un palu. Si tu as mal à la rate, tu as peut-être un palu. Si tu es mal en point, tu as certainement un palu… Il est partout et nombres de cas sont des doublés à falciparum et à l’un des autres plus adapté à l’homme (ovale ou malariae). Le paludisme de type falciparum est malheureusement réputé pour être responsable des formes les plus graves de paludisme.
Nous passerons la nuit en mer pour aller vers ce que les habitants jaloux d’Emirau qualifient d’île aux bananes. La conversation avec Evelyne la dentiste le soir dans l’étroit salon du bateau m’apprend que cette île a quasi entièrement été bétonnée et que partout sous la végétation le ciment abonde. Il y a au large, du matériel coulé par les Américains avant de partir et dans l’îles des trous d’enfouissement.
Il y a deux enfants qui se sont gravement blessés l’an dernier avec des bombes. La guerre n’en finit jamais vraiment de faire des victimes. On a tendance à l’oublier.

Jour 17 : mercredi 23/04/2025. Tens

L’île aux oiseaux. Un île au milieu de nulle part, un bout de corail végétalisé perdu dans l’océan. Pas de terre en vue. Robinson Crusoe est parmi nous. Que font ces gens à vivre sur un bateau fixe qui ne dépasse pas le kilomètre de long. Même pas un porte-avion. Quinze minutes pour en faire le tour…Enfin c’est ce qu’on nous a vendu. C’était sans compter sur la notion du temps Papoue, un élastique avec mouvement perpétuel et des chiffres qui ne veulent rien dire.
« – Vous êtes combien sur cette île ?
– 15 plus. »
Ça ne répond pas à ma question, oui mais c’est sa réponse…
Les oiseaux non plus, on ne peut pas les compter, des centaines, non, des milliers. Des fous blancs et noirs, des frégates et des puffins. Cela n’est pas sans rappeler la Nouvelle Calédonie. Il y a aussi une myriade d’autres espèces que nous ne connaissons pas et qui nichent au-dessus des maisons avec une forte présence sonore et olfactive. L’île est donc fertile. Nous en faisons un tour accompagné qui n’est pas censé durer très longtemps… Leçon de survie Papoue. Le tour débute par un puit d’eau douce. Deux mètres d’eau en zone de drainage au milieu de l’île qui se remplissent même en saison sèche. Le vieux qui nous sert de guide s’enorgueillit. « Tu vois Emirau et Mussau, à la saison sèche ils n’ont pas d’eau et ils ont faim, cela n’arrive jamais ici. »
Le coprah (aliment principal de nombreux papous : sorte de farine fabriqué avec le coeur des troncs d’une variété de palmier) s’en est allé avec la mort des cocotiers à la suite d’une infestation de scarabés. Il a laissé place à une luxuriance de bananiers et de tarots. Il y a ici des chats qui équilibrent les rats que l’on empêche de monter dans les arbres pour préserver les noix. Les quelques crabes de cocotiers mangent autre chose, faut bien survivre… de toute façon personne ne les mange, eux…
Une grande marée en 2018 a rongé la face au vent de l’île et créé un mur de corail d’un bon mètre. Il y a des fous qui nichent au sol et couvent leurs œufs. Ils nous regardent passer d’un œil méfiant. Le chien qui nous accompagne ne s’en préoccupe même pas, il y a comme une paix animale. Un grain approche, cela sent l’humidité, le vieux presse le pas, il ne veut pas être trempé jusqu’aux os, nous prenons un raccourci pour arriver au village en passant devant la pirogue de Will Smith qui est venu faire un tournage il y a deux ans. Les reliques de la propagande Hollywoodienne viennent jusques dans les endroits les plus reculés du monde… A peine croyable ! La pluie est là qui tombe sur le préau en tôle comme on tambourine, maladroit, sur une peau de tambour. Nos mots se font rare dans le vacarme.
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Parlons médecine. Un peu de paludisme à l’éclosion moustique, quelques fièvres éparses. Quatorze tests, vingt deux personnes vivants ici. Pas une seule de positive. Evelyne et son assistante ont tout de même arraché 4 dents et nos gynécos posé deux implants. Nous distribuons également quelques livres fournis par l’association Buk Bilong Pikinini aux enfants de l’île. Ils sont ravis d’avoir accès à des fournitures scolaires. Il n’y a plus d’instituteur dans le secteur depuis 2 ans…
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Nous repartons, et c’est important de le souligner avec plusieurs dizaines de kilos de bananes, ce qui ravit tout le monde après une semaine.
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